encres de chine - 29x59cm
Galerie La Rotonde
Les recherches d’Alix Paj l’ont conduite à un renouvellement du portrait contemporain qui s’est effectué en plusieurs étapes.
Que les conditions de sa production picturale se soient trouvées transformées par d’inévitables et incontournables facteurs biographiques, que des ruptures aient affecté l’environnement artistique au cours de ces premières années du XXIème siècle ne suffit pas à rendre compte des innovations introduites par Alix Paj dans ses processus créatifs. Les généralités sociologiques ne peuvent rendre compte de l’effort individuel accompli quand il porte autant sur le matériau et les supports que sur les thèmes traités.
Alix Paj abandonne l’acrylique, l’huile et la toile pour l’encre de chine et l’acétate. Le dépouillement, la transparence, la légèreté semblent requises pour parvenir à l’œuvre nouvelle. Et pour cela, Alix Paj essaie différents supports avant de choisir le P.V.C. L’encre de chine de couleur apporte un rendu où paradoxalement s’allient une finesse extrême de la surface peinte avec la profondeur et la diversité des tons et des nuances. Les thèmes traités vont surgir d’eux-mêmes des nuages d’encre noire flottant sur le PVC. Comme des fantômes, surgissent de l’ombre des silhouettes rivées par des regards qui nous fixent intensément. Puis les masses informes se contractent, se fluidifient en corps tendus ou arqués, pesants ou aériens, grotesques ou tragiques. Des personnages aux physionomies complexes peuplent ces fresques pariétales. Les êtres se reproduisent par scissiparité ; issus d’une même cellule primitive, ils conservent par delà leur individualité conquise une familiarité étrange et primitive. L’apparition des encres de couleur les fait baigner dans un magma primordial aux tonalités bleues ou turquoise. Désormais, qu’ils s’ignorent ou qu’ils s’allient, qu’ils affichent leur complicité ou leur solitude, tous s’agitent dans cet univers où les figures de Cartoons côtoient les vertiges dantesques.
De Jérôme Bosch à Gustave Doré, des facéties de l’enfer moyenâgeux à la caricature prosaïque, la destinée individuelle s’est ratatinée pour aboutir aux modernes illustrations des Magazines à vedettes. C’est pourquoi l’avènement des personnages drolatiques d’Alix Paj nous semble tonique et stimulante. Alix Paj nous offre sa vision lucide et détachée des rapports humains grâce à une technique picturale aboutie, qui exprime autant sa sensibilité aux êtres, que sa perception critique de la comédie humaine.
Yvon Birster, 2009 © Copyright